Quelques données générales sur les renouées du Japon.
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Interview de John Bailey, chercheur anglais,
spécialiste des renouées du Japon depuis 25 ans
(cliquer sur les différentes pages de l'article pour le lire).


EXOTIQUE,
ETRANGERE/ALIEN en anglais
Une plante exotique est une plante introduite fortuitement ou volontairement par l'homme (en général) dans un territoire géographique donné alors qu'elle n'y était pas présente spontanément avant.
INDIGENE, NATIVE, AUTOCHTONE, ENDEMIQUE
A l'opposé, une plante indigène ou autochtone est originaire du territoire concerné. Le terme endémique est réservé aux plantes natives limitées à un territoire particulier.
ENVAHISSANTE
ou INVASIVE ?
Une plante invasive est une plante exotique se développant de manière excessive et nuisant à l'écosystème dans lequel elle a été introduite. Le concept d'invasion est relativement récent et explique qu'il ne soit pas admis par tous. Plusieurs mécanismes de nuisance sont possibles : hybridation avec des espèces indigènes, modification des habitats, concurrence avec les espèces indigènes provoquant la disparition de celles-ci, hôte pour un organisme pathogène, etc.

Plus largement, le terme d'invasives est aussi attribué à des espèces exotiques proliférantes et ayant des impacts sur la santé humaine - comme l'ambroisie - ou économiques.

Par contre, le terme envahissant n'est pas spécifique des plantes exotiques. Il traduit le comportement de certaines plantes se développant de manière exubérante dans certaines conditions. Le caractère envahissant n'est souvent que temporaire ou lié à une modification du milieu, alors que le caractère invasif est permanent. Ainsi, certaines plantes pionnières sont envahissantes dans les premiers stades de colonisation végétale des sites perturbés par les crues ou l'homme. Puis ces plantes vont progressivement modifier le milieu et faciliter l'installation d'autres plantes.


Il y a souvent une confusion entre les deux termes "envahissant" et "invasif" conduisant à des gestions inadaptées. Le pouvoir invasif des renouées du Japon par exemple, ne peut pas être combattu en réhabilitant les milieux, car ce pouvoir n'est pas lié à la dégradation de ceux-ci, mais bien aux capacités propres de la plante non limitées du fait de l'absence de consommateurs et pathogènes.

Un potentiel de croissance très important
Ainsi, un fragment de rhizome mis en culture produit des tiges qui s'accroissent de 3 cm/jour en moyenne, avec des maximums de 5 cm/j. Implantée depuis plusieurs années sur un site, une renouée peut pousser de 10 cm par jour au printemps. Elle atteint ainsi 2 mètres de haut en 2 semaines.
croissance courbe de roissance au printemps
Germination de renouée. Identifier des semis de renouées.
Semis.
Fleurs de renouées. Reconnaître le sexe des pieds de renouées.
Fleurs.
Rhizome de renouées. La structure de la plante et sa reproduction végétative par rhizome et bouture.
Rhizomes.

Les Renouées du Japon sont des plantes invasives en Europe et en Amérique du Nord. Ces plantes herbacées, rhizomateuses et pérennes originaires d'Asie (Japon, Chine, Corée, Taïwan) sont aujourd'hui généralement rattachées au genre Fallopia (Houtt.)et les anciens termes de Polygonum et Reynoutria sont abondonnés. Le terme de "Renouées du Japon" au sens large englobe toutes les renouées asiatiques, alors que dans un sens strict, il ne qualifie que Fallopia japonica.


Ci-après les multiples dénominations de la plante selon les pays.
Pour les férus de nomenclature, aller sur le site (en anglais)
de Jennifer Formann.
Pays francophones
Pays anglo-saxons
Japon
Suède
Allemagne
Finlande
Tchéquie
Renouées du Japon, Fallopia japonica, Fallopia sachalinensis, Polygonum cuspidatum, Reynoutria japonica
Japanese Knotweed (pour F. japonica), Giant Knotweed (souvent pour F. sachalinensis),Polygonum cuspidatum, Reynoutria japonica, Mexican Bamboo
itadori
Japansk Pileurt
Japan-Staudenknöterich
Japanintatar
Kridlatka japonska Kridlatka sachalinska

Les renouées du Japon ont commencé à s'étendre spontanément et rapidement en dehors des jardins à partir de 1930 en Europe.

Ce sont des plantes herbacées à rhizome, gynodioïques, possédant des pieds hermaphrodites et des pieds mâles stériles (= "femelles"). Les fleurs hermaphrodites présentent des étamines plus grandes que le périanthe et les anthères sont larges, enflés et pleins de pollen. Dans les fleurs mâles stériles les étamines sont plus courtes que le périanthe et les anthères sont petits, creux et vides. Le rhizome est une tige souterraine servant d’organe de réserve et de reproduction. C’est la seule partie de la plante, en dehors des graines, qui survit d’une année à l’autre. Il grossit et s’étend chaque année dans le sol.

Fallopia japonica a été rapportée en Europe depuis l'ile de Honshu au Japon au milieu du 19ème siècle, par un médecin (Philippe von Siebold) pour être cultivée comme plante ornementale, mellifère et fixatrice des sols. Elle a été largement plantée dans les sites miniers en Angleterre et en Allemagne.

L'autre espèce introduite quelques années après a été Fallopia sachalinensis. Cette dernière moins fréquente, est fertile en Europe puisque des semences comprenant des pieds hermaphrodites et mâles stériles ont été rapportées.

La variété naine et d'altitude F. japonica compacta a également été introduite, mais très récemment, ce qui expliquerait sa "rareté" actuelle.

Les problèmes d'invasion de rivières par les renouées sont fréquemment signalés depuis une vingtaine d'années. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer l'apparente soudaineté de cette progression, comme un effet possible des changements climatiques. Mais une grande part de cette progression peut probablement être attribuée à la multiplication des aménagements hydrauliques ou des extractions dans les rivières à partir des années "60" et "70".
Il existe un grand nombre d'hybridations possibles entre les différentes espèces. Ces hybrides initialement produits par des horticulteurs se créent aujourd'hui naturellement. En effet,l'espèce Fallopia japonica, qui n' a pas de pied mâle fertile en Europe, peut être pollinisée par Fallopia sachalinensis, pour donner un hybride Fallopia x bohemica, ou par Fallopia baldschuanica, espèce ornementale grimpante, pour donner Fallopia x conollyana, hybride plus rare et peu vigoureux.

Dans la nature, ces pollinisations étaient jusqu'à présent peu fréquentes du fait de la faible probabilité de rencontre des différentes espèces. Mais l'extension géographique des renouées du Japon a fortement augmenté cette possibilité et des hybrides nouveaux se forment très régulièrement sur certaines rivières.

Les hybrides ne semblaient pas fertiles du fait des problèmes posés à la méïose (F. japonica 2n=88 x F. sachalinensis 2n=44 => F. x bohemica N = 66 stérile). Mais quelques hybrides fertiles (2n=88) viennent d'être découverts en Angleterre et en France, donnant un pollen capable de polliniser les fleurs mâles stériles de Fallopia japonica.

Par rétrocroisements successifs, cet hybride pourrait aboutir à l'apparition d'une variété de F. Japonica fertile, avec des conséquences encore incertaines sur le caractère invasif de l'espèce.

Schéma hypothétique et provisoire des hybridations
entre les différentes espèces de renouées en Europe.
Schéma hybridation

L'hybride fertile à 2n=88 a une origine encore inconnue. Il est peut-être issu d'un hybride fertile à 2n=44 ayant doublé son stock chromosomique.


L'introduction d'espèces exotiques a essentiellement une origine humaine. Si les communautés de plantes se modifient aussi naturellement, au gré des variations climatiques par exemple, ce qui est totalement nouveau depuis un siècle, c'est le nombre très important de nouvelles espèces introduites, intentionnellement ou non, par les activités humaines. Ainsi, en Californie par exemple, 1 000 nouvelles plantes se sont installées en 250 ans, alors que sur l'île Galapagos pendant 3 millions d'année, c'est une seule plante en moyenne tous les 10 000 ans, qui arrivait à s'installer grâce au transport par les oiseaux ou les courants marins.

Seule une faible proportion (moins de 10 % sans doute) des espèces introduites s'installent définitivement, et c'est encore une faible proportion de celles-ci (moins de 10 % également) qui deviennent invasives. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le caractère invasif pris par certaines plantes introduites : l'absence d'ennemis naturels ou l'absence d'histoire commune avec les plantes natives, qui fait qu'elles ne sont pas régulées par les même facteurs abiotiques.

escargotsPeu d'animaux consomment les renouées en Europe (ci-après des escargots). Les moutons la consomment et peuvent vraisemblablement limiter son extension latérale.





La notion d'espèces invasives et la prise de conscience des impacts de celles-ci sur les écosystèmes restent relativement récentes. Le Ministère de l'écologie et du développement durable a financé en 2001 un programme de recherche appelé Invasions Biologiques (le programme n'a pas retenu les projets concernant spécifiquement les renouées du Japon).

Le protocole de Rio en 1992 souligne la nécessité de lutter contre les espèces exotiques dans l'article 8h de la Convention sur la Diversité Biologique.

Article 8. Conservation in situ. Chaque Partie contractante, dans la mesure du possible et selon qu'il conviendra:
...
h) Empêche d'introduire, contrôle ou éradique les espèces exotiques qui menacent des écosystèmes, des habitats ou des espèces; ...
La France a présenté en février 2004 les orientations de sa stratégie nationale pour la biodiversité. Il s’agit de la réponse de la France aux exigences de la convention mondiale de la diversité biologique.

Il y est fait mention de l'introduction d'espèces étrangères, comme 2ème cause de disparition des espèces, et des préconisations suivantes :
Espèces envahissantes introduites : compte-tenu de l’importance de ce facteur dans le mécanisme de perte de biodiversité biologique, un plan d’action doit être élaboré avec pour objectif général d’enrayer l’apparition dans le milieu naturel d’espèces exotiques envahissantes. Cette stratégie sera l’application nationale et interministérielle de la stratégie européenne adoptée dans le cadre de la convention de Berne et pourrait comporter les axes suivants : - Sensibilisation et éducation du public aux dangers liés à l’introduction dans le milieu naturel de faune et flore, notamment à la suite d’échappées ou de relâcher d’espèces acquises à des fins récréatives ou ornementales.
- Harmonisation et adaptation des textes réglementaires au niveau national concernant l’importation, la détention, l’utilisation d’espèces exotiques quelque soit les fins. Un contrôle réglementaire doit être mis en place couvrant toutes les politiques publiques ou privées utilisant des espèces exotiques potentiellement envahissantes.
- Mise en place d’un observatoire des espèces exotiques envahissantes, en relation avec les expériences étrangères permettant de mieux suivre les phénomènes d’invasions et ainsi d’intervenir plus rapidement
- Poursuite des programmes de recherche afin de mieux comprendre les phénomènes d’invasion,
- Lancement dès qu’une espèce envahissante est signalée, d’actions d’éradication ou dans le cas où ces espèces sont déjà installées, d’actions de confinement ou de protection des espaces naturels les plus sensibles. Une stratégie particulière devra être mise en œuvre pour les milieux insulaires, en particulier outre-mer, dont on sait qu’ils sont particulièrement sensibles aux phénomènes d’invasion.


Voir aussi le site de l'UICN :

Stratégie Nationale pour la Biodiversité.




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